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Quand le Maire de Groix applique le programme électoral de l’opposition

Bravo Monsieur le Maire. En lisant Ouest France ce samedi 9 janvier 2021, nous avons eu la grande satisfaction de découvrir que vous preniez le sujet du logement des jeunes à bras le corps. Vous le dites, ce que vous entreprenez aujourd’hui est conforme à vos engagements de campagne. Vous aviez promis effectivement de vous en saisir, c’est exact. Mais de quelle manière ? Était-ce conforme à ce que vous annoncez aujourd’hui ? Pas exactement. Petit retour en arrière.

Lorsque le collectif Ressac qui portait les demandes des jeunes en matière de logement sur l’île vous interpelait, vous lui répondiez que vous avez déjà fait beaucoup. Dans la dernière version de votre programme électoral, vous rappeliez que « la commune a déjà vendu 4 parcelles communales à Kimitété pour permettre à des jeunes de construire au prix de 70 € le m². » Et puis, grand seigneur, vous précisiez à une journaliste de Mediapart venue « couvrir » la campagne à destination des jeunes minés par le mal-logement « Qu’ils viennent me voir, on trouvera des solutions ». Une fois encore, vous privilégiez les solutions clientélistes aux réponses politiques.

Des solutions innovantes dans notre programme

En puisant dans nos souvenirs, nous nous rappelons aussi un débat public organisé à l’improviste par le collectif Ressac sur le marché de Groix un samedi matin de campagne électorale. Nous vous avions expliqué que vendre des terrains même à bas prix ne permettait pas de baisser suffisamment le prix global de la construction, et qu’à l’exemple d’autres communes bretonnes confrontées au problème du logement en zone touristique, nous pouvions être plus audacieux. Nous vous avions expliqué ce que notre programme envisageait, à savoir la mise à disposition de terrain à de futurs jeunes propriétaires de maisons, loués sous un bail emphytéotique (99 ans) par l’intermédiaire d’offices fonciers solidaires. 

Or, qu’annoncez-vous dans Ouest France ? « Nous sommes en contact avec le bailleur social L’Aiguillon pour créer un office foncier solidaire. L’idée c’est que les personnes deviennent propriétaires de la maison mais pas du terrain, explique l’édile. Le coût d’acquisition est réduit considérablement, et pour la construction la TVA baisse à 5 %. Ces maisons peuvent ensuite être revendues bien sûr, mais seulement pour de la résidence principale, ce qui freine la spéculation. »

Alors bravo Monsieur le Maire. Bravo pour avoir bien lu notre programme électoral. Bravo pour avoir su écouter votre opposition, au point de changer de point de vue et mettre en œuvre ce qu’elle proposait dans la campagne. C’est dire si elle y voyait clair et qu’elle avait su  écouter les électeurs tout en s’inspirant d’expériences existant ailleurs. Mais alors pourquoi avoir, à l’époque, balayé nos propositions d’un revers de main méprisant ? En nous répondant qu’on ne savait pas de quoi on parlait, et que, comme nous n’habitions pas Groix depuis 50 ans, nous n’étions pas légitimes pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent aux Groisillons ? Vraiment bravo pour avoir opportunément su changer d’avis. Nous nous en réjouissons, sans rancune ni amertume.

Ne vous arrêtez pas en si bon chemin, copiez sans modération…

Mais pour vous prouver que nous sommes de grands démocrates qui œuvrons pour le bien de tous, nous vous suggérons de ne pas vous arrêter en si bon chemin dans la mise en œuvre de nos propositions. Encore, puisez encore Monsieur le maire dans nos propositions. Vous voulez deux idées dont vous devriez vous saisir ? Les voici.

  • Lors du Conseil municipal de septembre, nous avons proposé la création d’un groupe de travail commun majorité/opposition sur la prochaine DSP (délégation de service public) de la Compagnie Océane. « Pourquoi pas » nous avez-vous répondu avant d’ajouter votre phrase censée résoudre toutes les difficultés: « on verra ». Et depuis, rien. Vous avez purement et simplement enterré notre offre de service. Allez, un peu de courage Monsieur le Maire, écoutez-nous une fois encore, nous avons de bonnes idées.
  • Lors du Conseil municipal de décembre, à propos du projet d’implantation d’un parc de 60 éoliennes au large de notre île, nous avons proposé l’organisation d’une « consultation pour avis de citoyens » afin d’éclairer une délibération du Conseil qui ne manquera pas d’arriver. « Pourquoi faire on ne nous a rien demandé. La majorité ne fera rien de tel, mais si vous organisez un débat nous mettrons une salle à votre disposition ! » nous avez-vous répondu en nous renvoyant dans les cordes. Allez Monsieur le Maire, prenez encore une fois votre courage à deux mains en reconnaissant que les propositions d’avenir viennent de votre opposition que vous regardez de haut et étudiez avec nous cette consultation afin de l’organiser. Ça vous énerve sans doute de le reconnaître, mais c’est dans l’intérêt de tous. Car les bonnes idées et les bons projets sont toujours des exemples à étudier, d’où qu’ils viennent. 

Si, dans ces deux occasions, vous nous suivez, nous vous dirons encore une fois « Bravo Monsieur le Maire ». Et nous serons ravis de vous avoir servi de boîte à idées, à défaut d’avoir été élus pour donner corps nous-même à notre programme. Ce sera sans rancune et dans un bel esprit républicain.

Et si à l’avenir vous manquez d’idée, lisez et relisez notre programme électoral. Nous y avions mis beaucoup de compétences, de connaissances et d’expériences venues d’ailleurs. Du sérieux et de l’audace en quelque sorte.

De l’électricité, et un coup de théâtre

Ce que nous retenons de ce Conseil Municipal du 15/12/2020

Pour une part significative de l’ordre du jour (cette fois essentiellement tourné vers des questions d’ajustement budgétaire) les débats ont été plus musclés qu’à l’ordinaire. À l’initiative des trois élus de l’opposition, force est de le reconnaître, le mutisme des élus de la majorité, à l’exception de leur chef Dominique Yvon, étant – semble-t-il – devenu la règle depuis le début de ce mandat.

Quatre escarmouches et un (petit) coup politicien organisé par le maire et sa majorité ont animé le conseil municipal du 15 décembre dernier. La séance pourrait se résumer ainsi : le maire ne goûte guère que l’opposition fasse des propositions et même anime les quelques débats qui surgissent au détour des points techniques de son ordre du jour. Alors que l’actualité municipale s’anime à travers de questions comme celle du devenir du VVF ou de l’implantation de 60 éoliennes au large de Groix, le maire répète comme un mantra « il est urgent d’attendre ». Le statu quo frileux plutôt que l’action pour l’avenir de l’île, c’est ce que nous disions du bilan du maire sortant pendant la campagne municipale. Et voilà que le nouveau mandat le confirme. En témoigne la mise au vote de l’augmentation de 2 % des tarifs municipaux, alors que de nombreuses communes, bretonnes et autres, gèlent les leurs en soutien aux difficultés économiques de leur population impactée économiquement par la crise sanitaire.

Lisez notre compte rendu détaillé de la séance dans le document à télécharger. 

Les finances de la commune bien gérées? Pas sûr…

Bien gérer les finances d’une commune c’est d’abord utiliser pleinement et à bon escient les ressources disponibles. Ces ressources n’appartiennent pas à la municipalité mais au contribuable qui les fournit, qu’il s’agisse du contribuable local à travers les impôts locaux ou du contribuable départemental, régional ou national à travers les subventions de toutes natures reçues par la commune. La municipalité a donc pour mission de fournir en retour aux habitants tous les services rendus possibles par les ressources disponibles.

Terminer l’année avec un excédent de recettes de fonctionnement inemployées n’est pas la marque d’une bonne gestion. Il faut bien dépenser mais aussi tout dépenser. On ne gère pas une commune comme un budget familial.

C’est particulièrement vrai pour le financement des investissements qui, contrairement aux acquisitions relevant des dépenses courantes, vont fournir un service sur plusieurs années ou même plusieurs dizaines d’années. Il est juste que ces investissements ne soient pas à la charge des seuls contribuables d’aujourd’hui mais soient supportés par ceux qui en bénéficieront tout au long de leur durée de fonctionnement. C’est le rôle de l’emprunt qui permet d’étaler le coût de l’investissement sur toute sa durée de fonctionnement. Et lorsque les taux d’intérêts sont très bas, comme c’est le cas actuellement, cet étalement est obtenu moyennant un coût supplémentaire très réduit. L’autofinancement optimum, qu’il prenne la forme d’un prélèvement sur les ressources de fonctionnement de l’année ou d’un excédent de l’année précédente reporté ne devrait pas dépasser sensiblement la charge annuelle de remboursement de la dette qui correspond à la part du coût des investissements passés imputable aux contribuables de l’année.

A l’inverse accumuler des excédents pour pouvoir finalement financer un investissement sans recourir à l’emprunt est particulièrement injuste. Cela conduit à priver les habitants des services immédiats que les ressources économisées auraient pu financer et à les faire payer pendant plusieurs années pour un service dont ils ne bénéficient pas encore, puis à mettre ce service gratuitement à la disposition de ceux qui arriveront plus tard, lorsque l’investissement aura été réalisé.