L’affiche annonçait la couleur : « Eoliennes au large de Groix et de Belle-Ile, un projet contestable, réunion publique le 1er octobre ».
Le débat a tenu ses promesses ce samedi en début de soirée. Une centaine de personnes particulièrement attentives ont suivi deux heures durant les informations délivrées par les deux associations organisatrices, Horizon Groisillon (qui compte dans ses rangs plusieurs élus de l’opposition municipale) et les Gardiens du large ainsi qu’une Fédération de Quiberon et de de Belle-Ile (1).
Pour nombre de participants qui l’ont ainsi exprimé, ce qu’ils ont appris ce soir-là a fait l’effet d’une révélation. Les projets de parcs éoliens – des « usines » ainsi qualifiés par les Gardiens du large – sont-ils la bonne réponse aux besoins énergétiques croissants et à la crise de la production ? Ces machines aujourd’hui parées de tant de vertus écologiques le sont-elles vraiment ? À ces deux questions les Gardiens du Large répondent radicalement non tant le rendement de ces monstres de 260 mètres de haut leur paraît faible (34% de disponibilité disent-ils basant leur calcul sur le rendement des éoliennes terrestres, 48% disent les promoteurs du projet) et le recours aux métaux rares pour les fabriquer destructeur de l’environnement.
La technologie flottante choisie est-elle utilisée au mieux de ses avantages pour satisfaire les exigences de tous les acteurs concernés, pêcheurs, marins civils comme militaires, plaisanciers, riverains ? Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi un emplacement si proche des côtes groisillonnes et belle-îloises sans tenir compte des conclusions du débat public pourtant organisé à grand renfort de promesses d’une concertation véritable ? Comment infléchir le projet ? ÀA ces deux autres questions Horizon Groisillons répond qu’avoir recours à la technologie flottante pour implanter les machines si près du littoral est un triple gâchis tout en ruinant un paysage exceptionnel. Gâchis technologique parce que ce système permet de repousser les machines jusqu’à 70 km des côtes, ce qui les ferait disparaître de l’horizon tout en leur offrant des vents plus puissants et plus réguliers. « Repousser les éoliennes le plus loin possible n’est pas une vue de l’esprit, affirme Horizon groisillon, appuyé dans sa demande par le Conseil national de la protection de la nature, la Commission nationale de site et France Nature Environnement. Gâchis environnemental puisque plus on s’éloigne des côtes et moins la mer est poissonneuse, ce qui diminue d’autant les risques d’atteinte à la faune marine ; et enfin gâchis financier puisque l’État investira deux fois plus d’argent que s’il avait choisi l’éolien posé comme à Saint-Nazaire ou St-Brieuc sans en retirer tous les avantages.
Il est donc apparu que les deux associations ont deux approches différentes mais néanmoins complémentaires. Horizon Groisillon défend une approche pragmatique en s’appuyant s la puissante volonté politique nationale et européenne de développement des énergies renouvelables. À l’inverse, les Gardiens du large, dont les responsables affichent leur CV d’ingénieurs issus des grandes écoles, remettent en cause les fondements mêmes des éoliennes en puisant dans leur culture scientifique, sans pour autant apporter d’alternative autre que le développement du nucléaire et les initiatives locales. L’association des deux a permis de remettre en cause le discours officiel qui, s’appuyant sur des photomontages biaisés, laisse croire que l’impact visuel des 62 éoliennes hautes de 260 mètres sera négligeable. Or, il n’en sera rien, preuve en est la sortie de mer bien réelle du parc de la baie de Saint Nazaire qui provoque la consternation des populations riveraines et des élus locaux tant ils ont le sentiment qu’on leur a menti sur la réalité de la pollution visuelle.
Que faire donc alors que la zone d’implantation vient d’être précisée par le gouvernement, plaçant les éoliennes à 28 km de Groix et à 19 km de Belle-Île ? Horizon Groisillon propose de faire connaître aux députés l’opposition des populations locales au projet à l’occasion du débat sur la loi d’accélération des énergies renouvelables, et de convaincre les élus locaux qui se laissent encore bercer par le discours officiel de l’absurdité du projet actuel qui aura tous les inconvénients de l’éolien posé sans profiter des avantages de l’éolien flottant pour un prix deux fois supérieur.
- Avec le soutien et la participation de la Fédération des associations de Protection et aménagement de la baie de Quiberon, des îles et du Grand site dunaire.