C’est un petit succès pour nous, élus et soutiens de l’opposition, mais un joli succès quand même. Car à force de réclamer une information claire de la municipalité à propos de cette flambée de cas de Covid-19 sur notre île comme nous le faisons depuis quelques semaines , le site internet de la mairie a publié le mardi 2 mars les résultats de la campagne de dépistage massif des 23 et 24 février derniers. Avec quelques petites erreurs dont nous ne lui tiendrons pas rigueur, mais que nous allons pourtant rectifier. 353 tests ont été réalisés, 10 cas positifs ont été détectés soit un taux de positivité de 2,8 % et non de 2 % comme indiqué.
Un détail ? Non bien sûr, car livrer un pourcentage sans les commentaires qui permettent de juger de la gravité ou non de la situation n’a pas grand sens, sauf à vouloir envoyer un message rassurant, quitte à minimiser les chiffres pour forcer le trait et sans que quiconque puisse juger du bien- fondé de l’information. Pour la bonne compréhension de la situation, il faut en réalité comparer la situation de Groix avec ce qui se passe dans d’autres communes ayant déjà mis en œuvre ce type de dépistage. Ce que nous avons fait et que nous allons vous livrer dès à présent.
Dépistage, Groix se mobilise mieux qu’ailleurs
Tout d’abord une remarque. Certains, membres de l’équipe municipale, commentant le chiffre de 353 volontaires (sur 2 360 habitants) pour le dépistage se désolaient d’une faible mobilisation des Groisillons. Qu’ils se rassurent, et se félicitent même, car à regarder ce qui se passe ailleurs, ces 15 % de participation sont excellents. Qu’on en juge : Le Havre en décembre (220 000 habitants) 11 % de participation, Saint -Etienne, en janvier, (125 000 habitants) 4 % malgré une campagne d’information appuyée sur des messages radio, d’articles dans les journaux, et même de courriers individuels. Région Auvergne, en janvier (8 millions habitants) 7,5 %.
Venons-en au taux de positivité des tests de 2,8 %. Au regard des 7,4 % calculés au plan national, il apparaît très faible, ce dont il y aurait lieu de se réjouir. Sauf que le principe de dépistage massif comme celui qui a été organisé à Groix pousse l’ensemble de la population à se faire tester, ceux qui ont une présomption de contamination comme ceux qui n’en ont pas. De manière sensiblement différente, les statistiques nationales conduisant à ce taux de 7,4 % concernent des patients qui, à la suite de quelques symptômes, soupçonnent une contamination. Comme l’indiquait le ministre de la santé, Olivier Véran, en décembre dernier, le dépistage massif est destiné « à mieux isoler les cas positifs » plutôt qu’à fournir une information précise sur le taux de contamination de la population.
Si l’on regarde ailleurs, on s’aperçoit effectivement que les taux de positivité sont comparables à ceux relevés à Groix. Ainsi, à Châteauneuf-la-Forêt (Haute Vienne), sur 306 personnes testées en janvier 2 % étaient positives ; à Bagneux (Hauts-de-Seine) en janvier, sur 220 tests 0,5 % étaient positifs ; à Chemillé-en-Anjou en février, où un taux d’incidence de 736 a été mesuré, équivalent à celui sévissant à Nice, sur 601 personnes testés, 31 cas étaient détectés soit 5,2 %, etc.
Ne pas mettre Groix sous cloche
Quelle conclusion en tirer ? En application des normes nationales concernant le taux d’incidence, nous sommes classés en situation d’urgence maximum. Avec comme conséquence la fermeture du pôle enfance, de la cantine scolaire, de la mairie, et l’obligation par arrêté municipal de porter un masque en permanence durant les déplacements. Comme le reconnaissent tous les épidémiologistes, tout comme Santé publique France, ce taux d’incidence n’est qu’un indicateur de circulation du virus, rien de moins, mais rien de plus. Moyennant quoi un taux d’incidence compris entre 250 et 500 dans une ville comme Dunkerque (24 000 habitants) n’a pas la même valeur qu’à Groix (2 360 habitants). Il faut y ajouter d’autres critères, comme le taux d’hospitalisation, d’entrée en réanimation, de mortalité, etc. Ce qu’indiquent en revanche les résultats des tests de dépistage massif, c’est que la circulation du virus à Groix est comparable à ce qui se passe ailleurs dans des zones où un cluster a été détecté dans un lieu particulier, à l’Ehpad en ce qui concerne Groix, ailleurs une école, ailleurs encore un hôpital.
Pas de quoi paniquer, ni mettre l’île sous cloche. Néanmoins, des mesures strictes de précaution s’imposent, et ce qui a été mis en œuvre par les autorités préfectorales et municipales va dans le bon sens. Mesures auxquelles nous pourrions ajouter une invitation ferme et répétée de s’isoler en direction de ceux qui ont été récemment dépistés comme étant positifs.
Rouvrir le pôle enfance et la cantine?
Reste une question, posée par le maire Dominique Yvon dans la presse locale : faut-il maintenir la fermeture du pôle enfance et de la cantine ou rouvrir ? Le bureau du Conseil municipal dont nous, élus d’opposition, ne faisons pas partie, doit en délibérer. Nous versons donc généreusement au débat ce que nous venons d’éclairer dans l’espoir de contribuer aux – bonnes – décisions.